Contribution envoyée au Haut Conseil de la Santé Publique.
Avis initial du HCSP relatif aux bénéfices-risques de la cigarette électronique.
Le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) a rendu un avis sur l’aspect thérapeutique du vapotage en évaluant la balance bénéfice/risque, dans le cadre de la lutte contre le tabagisme. Le HCSP discute cet aspect thérapeutique en soulignant le manque d’études cliniques et d’essais thérapeutiques fiables. Dans cet article, nous allons démontrer que cette approche est incompatible avec l’étude du vapotage.
1 – Qu’est-ce que le vapotage ?
Vapoter consiste à inhaler un aérosol résultant de la vaporisation d’un liquide à travers un dispositif (la cigarette électronique). Le vapotage repose donc sur trois composantes :
- le liquide de vapotage,
- le dispositif de vapotage (la cigarette électronique),
- l’usage qu’en fait le vapoteur.
Chacune de ces composantes influe sur l’aérosol inhalé car elles font varier plusieurs critères :
- les limites du fonctionnement du dispositif dans des conditions optimales,
- la quantité d’e-liquide vaporisé (et donc les quantités émises de nicotine, d’agents aromatisants et de produits de dégradations),
- le ressenti du consommateur en fonction de ses perceptions de la température de l’aérosol, de la flaveur ou du ressenti en gorge par inhalation de nicotine (le throat hit).
Le vapotage se définit donc physiquement comme un processus délivrant un principe actif plus que comme un produit contenant (ou non) de la nicotine. Il permet donc une modulation de la consommation (en fonction des réglages et du choix du dispositif, du choix du liquide et de l’usage adopté), à l’inverse d’un substitut nicotinique traditionnel.
L’« expérience utilisateur » est donc centrale dans la pratique du vapotage. Or, à notre connaissance, la notion d’expérience utilisateur n’est pas ou n’a pas été étudiée alors que la perception de l’aérosol joue un rôle fondamental dans l’arrêt du tabac.
2 – L’étude des produits de vapotage
Le HCSP souligne que l’étude des produits du vapotage manque d’une méthodologie rigoureuse exigée pour les essais thérapeutiques. Ces méthodologies s’appuient sur des normes, or la variété des pratiques du vapotage s’oppose par essence au respect d’une norme.
Historiquement, les produits et la pratique du vapotage sont étudiés en utilisant des normes spécifiques aux produits du tabac. Par ailleurs, l’expérimentation des dispositifs de vapotage par des laboratoires est libre. Cela explique que les résultats sont biaisés par une mauvaise compréhension du fonctionnement et de l’utilisation des dispositifs testés.
3 – Implications sur l’évaluation des risques toxicologiques
Le risque toxicologique du vapotage est fortement corrélé aux conditions opératoires. La pratique du vapotage repose sur une puissance minimale et une puissance maximale qui définissent les limites de bon fonctionnement de la cigarette électronique.
Un vapoteur qui l’utilise dans des conditions extrêmes perçoit une vapeur anormalement chaude et un goût de brûlé très désagréable. Il va donc corriger sa pratique en abaissant la puissance de vaporisation.
Une partie des conditions expérimentales employées pour l’étude des produits du vapotage n’existe qu’en laboratoire et n’est pas du tout représentative de l’utilisation effective des produits.
Dès lors, comment identifier les résultats obtenus dans des conditions effectives d’utilisation de ceux obtenus dans des conditions anormales et contestables ?
Déterminer les limites de fonctionnement apparaît donc essentiel pour minimiser le risque pour l’utilisateur.
Conclusions
L’expérience utilisateur est un blocage à la mise en place d’une étude thérapeutique du vapotage car les résultats sont circonscrits aux conditions expérimentales choisies. Ils ne peuvent être étendus à la pratique du vapotage dans sa globalité.
De fait, le vapotage ne peut être considéré comme un substitut nicotinique car il ne remplit pas les exigences pour devenir un produit médicamenteux.
La preuve formelle de l’efficacité du vapotage dans le sevrage tabagique reste une donnée manquante en l’état, et un changement de méthode apparaît donc pertinent.
Les études épidémiologiques menées par Santé Publique France et par la Commission Européenne fournissent des éléments de réponses sur le rôle du vapotage dans l’arrêt du tabac et la diminution du tabagisme bien que ces données soient déclaratives.
En conclusion, le vapotage montre un intérêt évident pour la lutte antitabac, intérêt qui devrait s’accentuer avec l’accompagnement des professionnels de santé en proposant un suivi tabacologique au vapoteur et en travaillant à minimiser les dérives de la pratique chez les jeunes ou les non-fumeurs.
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