Depuis quelques années, les édulcorants ont fait leur apparition sur le marché de la vape afin de répondre à la demande de clients désireux de toujours plus de nouveautés et notamment de saveurs sucrées. Afin de vérifier leur intérêt et leur compatibilité avec l’inhalation via un vaporisateur personnel, le laboratoire ingésciences a testé plusieurs types d’édulcorants susceptibles d’être utilisés par les fabricants d’e-liquides et d’arômes.  

Etude du cas de la stévia en vaporisation

La stévia est une plante originaire d’Amérique du Sud possédant un goût sucré. Utilisée par les industriels français depuis 2010, elle est considérée comme un édulcorant de forte intensité. En réalité, les molécules qui donnent à la stévia cette saveur sont présentes dans ses feuilles. Ce sont les glycosides de stéviol. Parmi eux, deux molécules ressortent plus précisément dans la composition des additifs à base de stévia : le stévioside et le rebaudioside A. 

Figure 1: Structure chimique du stevioside 
Figure 2 : Structure chimique du rebaudioside A 

L’une comme l’autre, ces molécules apportent des notes sucrées très subtiles en bouche en bouche et plébiscitées dans l’industrie alimentaire en remplacement d’édulcorants controversés. Cependant, leur principal inconvénient réside dans une note gustative amère persistante en bouche. Ce constat s’est d’ailleurs vérifié au cours de tests de dégustation à l’aveugle réalisés au sein de notre laboratoire.  

Afin de comprendre comment le stevioside et le rebaudioside A réagissent lorsqu’ils sont vaporisés, notre équipe a étudié la dégradation de plusieurs e-liquides contenant ces composés via U-SAV, notre robot vapoteur. 

En comparant plusieurs dispositifs de vaporisation mais également différentes concentrations de ces molécules, nos experts ont constaté que peu de stevioside et rebaudioside A était récupéré dans les vapeurs émises à l’issue de l’expérience (de l’ordre de moins de 5%). Cette faible présence de glycosides de stéviol dans la vapeur soulève la question de leur bonne vaporisation. En effet, ces molécules étant assez « lourdes », on peut supposer qu’elles aient des difficultés à se vaporiser.  

Notre équipe a également relevé la présence de deux autres composés dans la vapeur, le stéviolbioside et le rébaudioside B, tous deux respectivement issus de la dégradation du stevioside et de rebaudioside A. 

Déjà bien utilisées par l’industrie agro-alimentaire, ces molécules sont connues pour leurs notes sucrées mais aussi pour leur arrière-goût amère.  Enfin, il faut noter que pour cette étude, nos scientifiques ont effectué sur les e-liquides testés, une analyse afin de détecter la présence potentielle d’aldéhydes dans les émissions de vapeur. Celle-ci n’a pas révélé de taux anormal, les résultats étant similaires à des e-liquides sans stévia. 

Un nouvel édulcorant pour la vape ?

De manière générale, les glycosides de stévia ne présentent que peu d’intérêt gustatif lorsqu’ils sont consommés via un vaporisateur personnel. Au contraire, des notes parasites amères peuvent dégrader la saveur initiale d’un e-liquide. Il ne serait donc pas pertinent d’essayer de remplacer un édulcorant par de la stévia. De plus, les tests réalisés à ce jour au laboratoire d’ingésciences mettent en évidence leurs difficultés à se vaporiser. Des études complémentaires sont nécessaires pour approfondir la question. 

A ce jour, aucune donnée scientifique ne nous permet d’évaluer la toxicité de ces composés en inhalation de façon fiable. Des e-liquides et arômes concentrés à base de stévia étant d’ores et déjà disponibles sur le marché français, nous ne pouvons qu’inciter à la prudence dans l’utilisation de ces additifs.